Valparaiso
Valparaiso :
La houle ayant décidé de bouder la troisième semaine de notre périple, plusieurs options se présentaient. Partir, rester, bouder ou profiter ? Qu’est-ce qu’on fait ?
On reste, et on profite. Pas de vagues, c’est alors le moment de faire autre chose, marcher, flâner et se reposer, on est en vacance non, dites-moi si je me trompe ? Tout bon surfer à toujours le cœur briser de devoir quitter la plage, si celle-ci est frappée par la houle… C’est pourquoi là, fallait y aller et maintenant, c’était le créneau. Hop hop hop, tchaooo les tubes, bonjour la ville.
Valparaiso, la vieille et certainement la plus désordonnée et la plus bruyante des villes. Sanctuaire de néo-hippies, d’artistes, de vagabonds, de touristes de toutes nationalités, Valparaiso sait nous faire voyager à travers les jours et les années. Le temps s’y arrête, comme les bateaux amarrés au port. Pour vous expliquer, en bas, c’est le port (« el puerto ! »). Fenêtre ouverte sur le Pacifique. Sur le quai se trouve les usines, les garages à bateaux, c’est sale et bruyant. Les machines et les grues sont impressionnantes de part leur taille, leur forme. Toute la zone côtière est traversée par une petite ligne de chemin de fer sans âges, qui relie toutes les usines pour faciliter le transit. Un peu plus loin c’est la rue Errazuris aux portes de la ville, où de nuit, des taxis et des bus, sortent les noctambules motivés et avides de nuits turbulentes. Cumbia, rock, techno, jazz, reggeton, cual quierra hay. Afirmate, les nuits sont longues. On y revendique « Valpo n’est pas à vendre ! » « Valpo sans MacDo ! » Graffiti, musique, culture, esprit rebelle sacrement décalé. Valparaiso n’est décidément pas une ville sage.
Ca y est, nous sommes entrés dans la ville. Autour de nous se mêle les bâtisses coloniales du 19ème, les bâtiments administratifs, les restaurants et les petites boutiques en tout genre, un joyeux bordel en somme. Malgré l’étroitesse des rues et la proximité de la montagne, on trouve nombre de parcs et de places ombragés, idéal pour rêver, bavasser ou manger une glace. Les enfants y jouent, courent, crient et tombent sous l’œil dispersé des parents. Les clébards pissent sur les arbres et gueulent sur les taxis. Le soleil tape, ça sent la mer. Assis sur un banc, j’ouvre les yeux et face à moi se dresse les hauteurs, me rappelant aussi les panoramas incroyables qui m’ont déjà fait de l’œil. C’est parti pour l’ascension des flancs de la bête. Siège de plusieurs radios libre, comme Radio Placer. Les hauteurs regorgent de squats nanar où des communautés partagent et vivent librement et simplement. Des idées naissent. La banque du temps, système D oblige, le temps devient un moyen alternatif de paiement. Une heure de mon temps pour une heure du tien. Un moyen simple de faire tomber des barrières « aide ton prochain, nous dit-on ?» Attention quand même, la criminalité existe, le pays est contrasté de toute part. Même si le pays a changé de face depuis des années, de grosses inégalités existent et persistes. Les laissé-pour-compte comptent bien le faire savoir et vous avoir comptez sur eux. En soi, vigilance en solo.
Les murs, trottoirs, poubelles, et escaliers de la ville sont littéralement et systématiquement graffés, taggés, rarement propres mais toujours occupés. Comme pour les tatouages d’un bagnard, l’histoire del Puerto est écrite et s’écrit dans la chair de la ville, en ses murs la voix du peuple résonne. Ça sonne la résistante, décrite au travers d’une multitude de graffitis et de poèmes connus/inconnus. Les fissures forment les cicatrices du temps. Des peines, oui sûrement beaucoup de peine et de la joie -ça oui, beaucoup de joie ! C’est sûr, nous y sommes. Cerro Alegre, sourires et couleur, comme pour effacer la rouille de la misère. Ça se voile plus la face par là-bas, nan nan nan, terminé les années de frustrations, où il était impossible de se rencontrer en groupe, écouter de la musique, partager et lire un livre, a à peine une génération de cela. Bienvenu ici bas, Les pirates vous saluts bien haut et surtout bien fort !